J'avais tendance, ces derniers temps, à mettre tout mon temps pour me lever de mon lit. La fatigue m'envahissait à chaque moment où j'avais besoin d'être le plus en forme. C'est à dire que la grossesse devenait de plus en plus dur. Aujourd'hui était un jour plus compliqué que les autres, oui c'était l'anniversaire de la mort de ma mère. Cela faisait bien trop longtemps qu'elle était morte, et bien trop longtemps qu'elle m'avait quitté. 14 ans aujourd'hui, qu'elle était partie. 14 ans, que je comprenais réellement le sens du mot douleur. La vie avait réellement décidé de m'en faire voir de toute les couleurs, car c'était également l'anniversaire de notre rencontre, avec le père de mon fils. Seulement ce connard, avait décidé de me laisser tomber car il semblait ne pas être prêt pour devenir père. J'étais doublement malheureuse aujourd'hui, et je pensais que ça n'allait pas s'arranger. Je n'avais pas totalement tort, car je m'étais levée avec un atroce mal au ventre, et une impossibilité d'enlever cette douleur. Et puis dans toute cette tristesse, dans toute cette douleur, dans tout ces regrets, il y avait des gens pour qui je comptais vraiment, des gens sur qui je pouvait compter. Je pensais en priorité à Cannel, un mec pas vraiment commode en général, mais avec qui j'aimais bien passer du temps. Il avait beau s'énerver pour quelconque raison, je l'aimais, et il me faisait rire. Il avait cette manière de changer d'attitude, qui me faisait me poser des questions sur sa capacité à être une personne normale. J'avais beau l'agacer, il revenait sans cesse chez moi pour n'importe quelle raison. Je m'étais allongée de tout mon long sur le canapé, à cause encore de cette fatigue, j'avais allumée la télé rien que pour avoir un bruit en fond, et je touchais mon ventre en signe d'impatiente. "J'aimerais tant que tu sois près de moi." Je chuchotais ces quelques mots à mon bébé qui grandissait petit à petit, mais pas assez vite à mon goût. Je commençais tranquillement à somnoler quand j'entendis quelqu'un frapper à la porte. Un peu trop fort si vous voulez mon avis, et je reconnu tout de suite l'impatiente de Cannel dans la frappe. Je me traînais jusqu'à la porte, et arrivée devant je me rendis compte que j'étais pas du tout regardable, mais après tout je m'en fichais royalement. J'ouvris doucement la porte, et le vit dans l’entrebâillement de la porte. Je lui souriais faiblement, et je voyais sur son visage un sourire. C'était rare, mais j'en profitais à chaque fois. "Allez entre, l'impatient."

J'étais d'humeur maussade, c'est vrai. Mais voir Cannel sur le pas de ma porte, me redonnait rapidement le sourire. Je ne comprenais toujours pas pourquoi il me faisait cet effet, mais j'aimais bien être en sa présence. Quelqu'un de protecteur, d'attentionné, mais surtout quelqu'un de bizarre et très spécial. J'aimais découvrir la personnalité des gens en dessous de leur apparence. Pour moi, il se trouvait toujours quelqu'un de bien en chacun de nous. Quand il était près de moi, je me sentais invincible et intouchable. Je laissais l'espace nécessaire pour qu'il passe et entre chez moi. Je le laisse faire son état des lieux, tandis que je referme la porte. Quand je me retourne vers lui, il n'est plus souriant. Son visage à changé et ce visage là, je l'aime pas vraiment. Je l'écoute me faire un sermon comme une petite fille qui vient de faire une bêtise. Il avait raison, avec les inondations, j'aurais quand même pu donner des nouvelles. Je savais qu'il faisait attention aux moindres détails par rapport à ma grossesse, et sur ce coup là je n'avais pas assurée, et je méritais tout ce qu'il me disait. "Tu as raison, c'est vrai. Excuse moi" Je baissais la tête, et je le laissais me guider vers le canapé. Mes jambes ne répondaient plus trop à mon cerveau. Elles avaient beau comprendre l'information, elle n'obéissaient plus. C'était ce qu'était devenu ma vie désormais. Un enfer, si je pouvais dire ça comme ça. Une fois assise sur le canapé, je le regarde et le vois sourire légèrement. J'aime voir ce sourire, j'ai l'impression d'être une personne importante pour lui et ça me rends tellement heureuse. Je n'ai jamais eu de frère ou de soeur, et du coup Cannel me fait office de grand frère. Lui toujours là quand j'ai besoin. Sans même que je lui dise quoique ce soit, il sait à peu près tout ce que j'ai besoin. J'aimerais tellement savoir comment il fait, savoir ce qu'il se passe dans sa tête. Ma langue brûle d'envie de lui demander son secret, mais j'ai peur qu'il s'emporte comme la plupart du temps. Je ris, faiblement, mais je ris. Il vient de parler à mon bébé, comme si il allait monter une ligue contre moi et me faire rester au lit de force. "Et si moi je ne suis pas d'accord, j'ai le droit d’émettre une opposition?" L'instant d'après devient littéralement différent. il me menace de ne rien dire. Mais à vrai dire on a aucun ami en commun, et en ce moment je ne suis pas d'humeur à aller raconter ma vie à qui que ce soit. Son offre est totalement adorable, mais je ne suis pas du genre à profiter de la gentillesse des gens. J'ai besoin de me sentir utile, et pas que l'on s'occupe de moi. Et puis si mon père venait me rendre visite, et qu'il ne me trouvait pas, comment réagirait il ? J'essayais toujours de sortir des excuses bidon mais à vrai dire c'était peu être ce qu'il me fallait. J'avais surement besoin de sortir de cette maison, et laisser les gens s'occuper de moi. "Je peux y réfléchir, mais ta proposition est alléchante. A vrai dire je cherche une excuse bidon afin que tu abandonne, mais te connaissant tu n'abandonneras pas. Je vais te dire oui, car après tout c'est ce dont j'ai besoin. Un peu de compagnie, et des gens pour s'occuper du bien être pour le bébé. Moi ce n'est pas important, mais j'ai envie que mon fils soit le plus heureux du monde." Je posais mon regard dans le sien, et lui souriait. Il était une de ces personnes très attachantes, et très sérieuse quand il proposait les choses. Je posais ma main sur la sienne. "Merci Cannel, pour tout..."

Non pas qu'il est raison, mais c'est vrai j'avais d'autre choses à penser que de donner des nouvelles aux gens. A ce moment précis je comprenais bien qu'il avait besoin de moi, qu'importe la raison, il avait réellement besoin de moi dans sa vie. J'avais beau me dire qu'aucun homme ne valait la peine que l'on s'intéresse à eux, lui était différent. Lui était important pour moi, et commençait à devenir un mentor pour ma pauvre petite existence. Je le voyais pensif, et soudain ses émotions furent chamboulées, comme si ses pensées n'étaient pas belles, comme si son monde n'étaient qu'une illusion. Je faisais mine de ne rien voir, pour éviter quelconque questions. Mais comme je me disais souvent, qui était-il ? Comment nos chemins s'étaient-ils rencontrés ? Tant de questions qui demeuraient sans réponse. "Oui, sans doute ! Mais bon ce n'est pas non plus très classe de ma part de ne pas donner de nouvelles.. Je suis fautive et puis c'est tout !! Laisse moi m'en vouloir pour ça va .." Je lui souriais, mais ne lui laissais guère le temps de rétorquer. "J'ai des questions qui me brûle la gorge tellement j'ai envie de les poser, mais j'ai peur de ta réaction face à celles ci !"Je le regardais attentivement afin d'apercevoir une réaction de désapprobation ou quoique ce soit d'autre. Laissant mon esprit divaguer 5 secondes de trop, je pensais tellement fort à mon enfant, qu'il exprima son besoin de faire comprendre qu'il était bien présent. Son coup de pied, direct dans les poumons, me coupa le souffle direct.. A chacun de ses coups de pieds, je perdais la notion de douleur, et je souffrais en silence. Je l'aimais tant, que je m'interdisais d'avoir mal par sa faute. Pour moi ce n'était que des douleurs éphémères. Quand j'y songeai, sa proposition était certes la meilleure pour ma propre santé, elle était meilleure pour que je puisse être prise en charge correctement et que je sois tout simplement heureuse. J’appellerai mon père, et je lui dirais que mon ami le plus proche m'avait proposé son aide. S'il avait besoin de me voir, ce ne sera pas un soucis, on ira boire un café par là. Je me demandai entre autre si Cannel avait quelqu'un dans sa vie, et si c'était le cas comment réagirait-elle en apprenant qu'une femme allait vivre chez lui. Ses mots me rassuraient et me faisait un bien fou. J'avais besoin de les entendre de sa bouche, et je pense qu'il le savait. "Bien sûr que je te pardonne, tu n'as pas besoin de t'excuser. Ta proposition est acceptée, et bien évidemment c'est un plaisir que tu l'ai proposé. Tu sais comment je suis, j'aime me débrouiller toute seule, mais j'ai besoin de t'avoir à mes côtés. Et s'il faut que je quitte ma petite maison, pour la tienne alors pourquoi pas ?" Quand ses lèvres touchèrent ma main, je ne ressentis que du bonheur. Comme si son baiser m'avait redonné le sourire et la force d'avancer. Je rigolais à ses paroles. Tenir le rôle du père, vraiment ? Il allait être de taille mais combien de temps ? De quoi avait-je réellement besoin en ce moment, à part de tomber amoureuse ! Pas grand chose, et je ne savais pas trop quoi lui demander à vrai dire. "Ecoute pour le moment, je n'ai pas besoin de tes services, enfin sauf pour faire mes valises pour chez toi, mais ça je suis sûre que tu pensais déjà t'en occuper." Je lui souriais doucement, en réponse à son sourire. A croire qu'il essayait de me manipuler avec ce sourire tout juste presque parfait.

Il se levait, ne comprenant pas trop pourquoi j'essayais de savoir ce qu'il se passait dans sa tête. Ma vision des choses étaient seulement naïve face à cette soudaine émotion qui s'affichait sur son visage. J'avais l'impression que j'avais fait une énorme erreur, et je crois bien que c'était ça ! Quoique, peut être était-ce un changement d'émotion du à quelque chose d'autre, quelque chose de bien plus compliqué que ce que je pensais. Mon père m'avait raconté l'histoire de monstres existants dans la ville de Montsimpa, dans les années 20. Il m'avait raconté que cette espèce avait été éteinte par les habitants de la ville, mais si jamais ce n'était pas le cas. Si jamais les changements d'humeur de Cannel, était simplement parce qu'il ne pouvait pas se contrôler.. Je prenais rapidement peur, mais me calmait doucement. Je n'y avais jamais cru, pourquoi j'y croirais aujourd'hui ? Je ne répondais pas à sa question, trop concentrée pour essayait de comprendre qui il était. C'est vrai que je n'avais aucun souvenir de notre rencontre, je savais simplement que ma vie sans lui était impossible.. Je posais ma tête au fond du canapé, et m'y enfonçait encore plus dedans. Il avait raison, j'avais encore besoin de repos. Je commençais à somnoler, quand j'entendis de loin qu'il me disait inspecter mon frigo. Qu'il le fasse, je n'avais pas la force de me lever pour lui montrer le tout. De toute manière il n'avais pas besoin de moi pour faire son inspection. Je me tournais vers lui, je le voyais me sourire et je savais dès à présent que tout se passerais pour le mieux. Je me demandais quelle question il fallait que je pose en premier. Et si ma première question n'était pas la bonne, si jamais elle le mettait dans une colère monstrueuse, et qu'il ne pouvais plus se contrôler.. Sa y est, je savais quelle serait la bonne question. Certes je n'y croyait pas, mais j'allais le faire.. "Qui est tu, réellement, et ne me mens pas je le saurais !" J'avais parlé assez fort, pour qu'il m'entende la cuisine. Sûrement trop fort pour bébé, car il n'a pas supporté que je le réveille. Il me donna un coup de pied qui me coupa le souffle direct. Ce coup de pied me fit vraiment plus mal que d'habitude, et je ne savais pas trop comment reprendre mon souffle. J'attendais quelques secondes, puis voyant que ça ne passait pas, je me rendis compte que j'avais besoin que Cannel m'aide à respirer. "Ca.. Cannel, vi.. viens s'il te plait." J'eu du mal à parler, mais une fois ma phrase finie, je remarqua qu'il était déjà près de moi. Un avantage quand un ami était près de vous, il vous assiste à chaque fois que vous en avez besoin. C'est peut être ça notre amitié. C'est sûrement pour cela que l'on c'était rencontrés. Le destin.