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siamson ◭ et puis si la vieillesse vient frapper à la porte c’est qu’on aura vaincu ce temps qui nous escorte.

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MessageSujet: siamson ◭ et puis si la vieillesse vient frapper à la porte c’est qu’on aura vaincu ce temps qui nous escorte. siamson ◭ et puis si la vieillesse vient frapper à la porte c’est qu’on aura vaincu ce temps qui nous escorte. EmptyMer 5 Déc - 17:39

siamson ◭ et puis si la vieillesse vient frapper à la porte c’est qu’on aura vaincu ce temps qui nous escorte. 608907siamson20
you were young I was not old, but our story was not told but torn apart by greedy hands. spin me round just to pin me down, on the cover of this strange bed. spin me round just to pin me down.


Apprendre. À marcher. À parler. À aimer. À vivre. Ce sont des choses qu'on apprend au commencement. Au tout début. On les apprend sans même le vouloir. Ce sont des intuitions. On prend exemple sur les grandes personnes. On se comporte comme elles. On essaie. De prononcer des mots. De se lever. Puis on tombe. Mais on se relève. Siam elle, elle n'a rien appris. Ni à lire, ni à aimer. Ni même à se relever. Elle est tombée. Il y a deux ans. Sa béquille l'a lâchée, et elle s'est retrouvée seule, face contre terre. Seule, sans son grand-père. Puis avant ça, jamais personne ne lui a appris à aimer. À s'attacher. Elle a vu des visages défiler, mais ils ne sont jamais restés. Ils n'ont jamais compté. Je suis presque sûr qu'Alistair a dû essayer de lui apprendre l'amour. Mais comment aurait-elle pu aimer sans s'arrêter de voyager ? Le seul homme qu'elle doit avoir aimé, c'est lui. Sauf qu'elle ne le sait pas. Elle ne le sait pas parce qu'elle ne comprend pas ce sentiment étrange au fond de son coeur. Celui qui n'était pas dérangeant quand il lui faisait des sourires. Mais qui lui fait un peu mal dès qu'elle pense à lui, seul au fond de son trou. Mais aujourd'hui, Siam ne voyage plus. Je voudrais avoir la prétention de pouvoir dire que je compte prendre la relève. Que je compte lui apprendre ce qu'elle m'a appris de l'amour sans rien y connaitre. En débarquant dans ma vie comme on atterrit dans une pièce vide. En y mettant un peu de vie, un peu d'espoir. Un peu de beauté. Un peu d'elle-même. Je voudrais pouvoir lui dire ce que c'est que de tenir à quelqu'un. Même si ce sentiment d'impuissance est un peu chiant. Parce qu'on ne peut rien y changer. Elle compte pour moi. Je tiens à elle, comme je tiens à la vie qu'il me reste. Je n'ai jamais voulu ça. Je n'ai jamais voulu me relever après la mort de maman. Mais je ne peux rien y faire. Tout a changé. Je veux revivre pour elle désormais.

Dormir. Fermer les yeux et disparaître. Mais jamais pour très longtemps. Et quand on finit par se réveiller, quand enfin on rouvre les yeux, rien n'a changé. Y'a toujours le même bordel qui nous entoure. Toujours ce même quotidien merdique. Parfois, j'espère me réveiller dans le corps d'un autre. D'un plus chanceux, d'un plus heureux. Mais rien y fait. J'ai toujours cette même gueule déprimée, et ce coeur délaissé. Je ne touche rien, et rien ne me touche. Je suis lisse, y'a tout qui me glisse sur le dos, mais jamais rien qui reste. Si Siam est encore là, c'est parce que je m'accroche à elle. Mais ça finira par m'épuiser. Alors je lâcherai prise. Et elle partira. Un jour ou l'autre. Peut-être demain. Ou même aujourd'hui. Je n'en sais rien, mais j'espère que ça sera le plus tard possible. Parce que je me suis attaché à ce quotidien mine de rien. Même si ce matin, elle m'a réveillé à six heures. Pourquoi ? Pour que je lui apprenne à lire. Et là, voilà qu'elle bute sur la même phrase depuis deux minutes. Une réplique du livre de Steinbeck, Des Souris et Des Hommes. Je la lui ai lue trois fois. Elle n'est pas si compliquée que ça en plus. Mais je ne sais pas pourquoi elle bloque. Peut-être parce que ça fait une demie-heure que nous lisons. Peut-être parce qu'elle n'est pas bien réveillée. Ou peut-être qu'elle se met la pression. Je ne sais pas, mais ça m'énerve. "Mais pas nous ! Et pourquoi ? Parce que… parce que moi, j’ai toi pour t’occuper de moi, et toi, t’as moi pour m’occuper de toi, et c’est pour ça." Je montre chacun des mots que je lis, en prenant bien mon temps. Puis je la regarde, en espérant qu'elle y arrive. Parce que si elle y arrivait, ça voudrait dire que peut-être, je pourrais réussir à lui apprendre bien plus que simplement ça. Je pourrais peut-être lui apprendre toutes ces choses qui lui passent au-dessus de la tête. Toutes ces choses qu'elle n'a jamais su comprendre. Mais elle bute, encore. Peut-être qu'il n'y a pas d'espoir. Peut-être qu'il est trop tard pour lui apprendre à lire. Et pour lui apprendre tout le reste aussi. Mon poing frappe brutalement contre le matelas sur lequel nous nous sommes installés pour lire. "Putain, mais tu pourrais te concentrer un peu merde." Je soupire. Ma patience atteint ses limites. Et si tout était perdu ? S'il n'y avait aucun espoir ? Siam resterait Siam. Elle passerait à travers la vie comme on traverse un tunnel. Les lumières lui défileront sous les yeux, mais elle n'aura jamais le temps de les cerner… Moi j'veux lui apprendre à comprendre la vie.

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MessageSujet: Re: siamson ◭ et puis si la vieillesse vient frapper à la porte c’est qu’on aura vaincu ce temps qui nous escorte. siamson ◭ et puis si la vieillesse vient frapper à la porte c’est qu’on aura vaincu ce temps qui nous escorte. EmptyJeu 6 Déc - 14:28

siamson ◭ et puis si la vieillesse vient frapper à la porte c’est qu’on aura vaincu ce temps qui nous escorte. 860452siamson21
is it bitterness or sympathy that keeps you standing here with me ? i’m not sure how much more i can take ‘cause i have sacrificed my peace of mind to sit here with you wasting time.


Je n'arrive pas à fermer l'oeil. Ca fait déjà trois nuits que ça dure, trois nuits que j'passe mes heures à regarder par la fenêtre à quel point le monde est laid. La rue, en bas, suinte la noirceur et le danger. Ca crève les yeux qu'ça effraie tout le monde quand la nuit s'ramène, ça crève les yeux qu'y'a plus un rat pour se la jouer roi du monde quand y'a plus que les lampadaires pour éclairer leur sale gueule. J'ai toujours eu peur de la rue. Je me recroquevillais chaque soir sur mon morceau de trottoir en sentant le danger jusque dans mes baskets. Mais j'avais toujours moins peur au beau milieu de ces sentiers bondés d'ivrognes qu'au beau milieu de cette pièce. Parce que je savais où était le danger, parce que je connaissais chaque cachette dans laquelle il élisait domicile. Et là, quoi ? J'en sais rien. J'connais en fermant les yeux chaque recoin de la pièce, y'a rien qui m'fait trembler. A part l'autre, allongé sur son lit. A part Samson. J'observe ses traits tendus même quand il dort et j'crois bien que c'est ça qui m'empêche de fermer l'oeil, j'crois bien que c'est ça qui fait qu'tout cloche et que j'suis pas prête à m'laisser tomber avec lui sur ce grand lit qu'aurait pourtant bien besoin d'une autre personne. Je finis par m'accroupir devant lui, et j'ramène mes doigts sur son visage. Pas pour l'étrangler. Et là encore ça m'fait peur, bordel. J'glisse mes doigts le long de sa mâchoire et j'pense même pas à les resserrer sur sa gorge. J'pense même pas à le blesser, à le faire se lever en sursaut avec le regard écarquillé et déstabilisé de ces hommes qu'la guerre a pris au dépourvu, de ces hommes qui dormaient avec leur femme et qui se sont réveillés un fusil sur l'épaule et le chagrin tatoué en plein dans la moelle. Je m'attarde sur ses traits tendus et j'me dis qu'il n'a jamais de repos, que sa gueule triste à mourir ne le lâche jamais vraiment, qu'elle est là quand il se lève, quand il va bosser, quand il pisse et même quand il dort. Et ça m'fait de la peine. Ou du moins, ça aurait dû m'en faire.

« Mais pas nous ! Et pourquoi ? Parce que… parce que moi, j’ai toi pour t’occuper de moi, et toi, t’as moi pour m’occuper de toi, et c’est pour ça. » J'ai fini par le réveiller. Pas à coups de caresses et mots qui lui auraient fait monter l'eau aux pupilles, non, ça jamais, ça aurait été complètement dingue de faire ça, ça aurait ressembler à une scène qu'on aurait pu trouver dans un film à l'eau de rose et ça nous aurait rendu bien cons. Qu'est-ce qu'on en aurait bien fait, hein, nous, de tous ces trucs niais et débiles qu'on laissait volontiers aux autres, à ceux qui se sont rencontrés pour s'aimer comme il faut, à ceux qui se sont rencontrés pour s'aimer même qu'un peu ? Rien. On aurait pas su quoi en faire alors on les aurait foutus à la poubelle, avec ses canettes de bière vide et mon paquet de clopes qu'en serait même plus un. Je l'ai réveillé de la fenêtre, ça nous convenait mieux. J'lui ai dit debout samson j'ai envie de lire puis j'ai attendu qu'il sorte le visage de son oreiller. Parce qu'il finit toujours par le faire. Même s'il est crevé, même s'il est mort, même si je l'insupporte et qu'il avait envie de m'encastrer la gueule dans un mur la veille. Je ne sais plus grand chose de lui, j'ai bien l'impression, mais ça, je le sais. « Putain, mais tu pourrais te concentrer un peu merde. » Je sursaute à cause de son poing qui s'abat sur le matelas et j'regrette de l'avoir sorti de ses cauchemars. Et voilà qu'il me saoule à me hurler dessus alors qu'il fait même pas encore jour. « Calme-toi Samson. » J'attrape le bouquin posé sur ses genoux et j'inspire. « J'lui ai foutu de ces pei… pei…gnées, et rien qu'avec ses deux mains il aurait pu me bri…set tous les os du corps, mais il n'a jamais levé le petit d… do… » Soupir. « Hé puis merde, j'ai plus envie. » Et bien sûr qu'c'est de sa faute, bien sûr qu'j'ai honte de lire comme un gosse de cinq piges, bien sûr que j'ai envie de le frapper quand il ose lever la voix. Bien sûr que j'le hais, déjà hier, surtout maintenant. « Va t'recoucher, j'en ai marre de ta sale tronche et de ton regard bourré de pitié. » J'me redresse et me décale pour me retrouver à l'autre bout du lit et je navigue à nouveau entre les lignes. Sans lui. En fait, j'crois que je fais juste semblant, parce qu'en réalité, j'navigue au milieu de nulle part. j'navigue seule. J'navigue en attendant qu'un bateau me repère, qu'un filet de pèche me ramasse. j'navigue en attendant que la marée me ramène au port. J'navigue. Et tant pis si j'me noie, tant pis s'il me noie.

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MessageSujet: Re: siamson ◭ et puis si la vieillesse vient frapper à la porte c’est qu’on aura vaincu ce temps qui nous escorte. siamson ◭ et puis si la vieillesse vient frapper à la porte c’est qu’on aura vaincu ce temps qui nous escorte. EmptyDim 9 Déc - 22:51

siamson ◭ et puis si la vieillesse vient frapper à la porte c’est qu’on aura vaincu ce temps qui nous escorte. 387343siamson22
give me hope in silence. it's easier ; it's kinder. tell me not of heartbreak, it plagues my soul, plagues my soul. we will meet back on this road, nothing gaining, truth be told. but i am not the enemy, it isn't me, the enemy. but i came and i was nothing. and time will give us nothing. so why did you choose to lean on a man you knew was falling ?


Je suis pendu à ses lèvres. Je suis pendu à l'espoir qu'un jour, elle y arrivera. À lire. Mais pas seulement. Si elle arrivait à lire, ça voudrait dire qu'elle serait capable d'apprendre tout le reste. D'apprendre à y croire, à en avoir un peu envie, à aimer, à pleurer même. Je suis pendu à ses lèvres comme l'aventurier pendu au bras de son partenaire, pendu au dessus du vide, s'accrochant à sa main comme on s'accroche à la vie. Je suis pendu aux lèvres de Siam, en attendant désespérément le signe qui montrera qu'elle peut s'éveiller, qu'elle en est capable. "J'lui ai foutu de ces pei… pei…gnées, et rien qu'avec ses deux mains il aurait pu me bri…set tous les os du corps, mais il n'a jamais levé le petit d… do…" Nous soupirons en coeur, à l'unisson. C'est bien l'une des rares choses qui nous rassemble. L'épuisement, le désespoir, la lassitude. Nos soupirs se rejoignent souvent. Ils s'aiment certainement bien plus que nous nous aimons. Ils aiment ne faire qu'un, alors que nous, nous aimons nos deux entités différentes. Nous aimons leurs contours qui jamais ne se touchent. J'aurais voulu que ce soit différent, bien sûr. Mais j'ai appris à me contenter de l'accessible. Et la présence de Siam est tout ce qui m'est accessible. Sa présence physique. Puisque souvent elle est ailleurs. Ou plutôt nulle part. Je ne sais plus si j'ai envie de gueuler de rage, ou bien simplement de pleurer. Je ne sais plus si elle m'énerve ou si elle m'attriste. Mais ce que je sais, ce qu'j'aurais tord d'avoir pitié d'elle. Comment peut-on avoir pitié de quelqu'un qui ne ressent rien ? Rien, pas même le goût de l'échec. Alors bien sûr qu'elle n'arrive pas à lire, bien sûr qu'elle n'arrive pas vivre, mais je suis persuadé qu'au fond, elle s'en fout. Comme elle se fout de tout. « Hé puis merde, j'ai plus envie. » Connait-elle seulement l'envie ? Ou n'est-ce simplement qu'une idée de ce qu'elle pourrait croire être l'envie ? Puis a-t'elle réellement envie ? Je parie qu'elle m'a réveillé juste pour me faire chier. Ça doit bien être la seule chose qui lui fasse ressentir le goût du plaisir. "Va t'recoucher, j'en ai marre de ta sale tronche et de ton regard bourré de pitié." Je ferme les yeux, essayant de me contenir encore un peu. Siam s'éloigne. Physiquement, puisqu'elle est toujours loin. Y'a ses yeux qui zigzaguent entre les lignes. Siam fait semblant. Siam fait toujours semblant.

Je serre les dents. Le regard posé sur son visage absent. Je respire, calmement. Parce que j'ai envie de lui gueuler dessus, mais que je ne saurais même pas quoi lui dire. C'est souvent comme ça. Je dois attendre de me calmer un peu pour avoir les idées claires. Pour ne pas perdre mes mots. Puis je me retourne, m'allongeant sur le côté, les bras croisés contre le torse. "Tu veux savoir la vérité Siam ? 'Fin j'parle pas seulement du fait que tu m'pètes les couilles." J'inspire profondément. Il y a tellement de vérités qu'elle ignore. De toute façon, à chaque fois que je les lui dis, elle ne les comprends pas. Comme la fois où j'ai tenté de lui dire que je l'aimais. Alors cette fois-ci, je vais essayer d'être bien clair. "Je n'ai aucune pitié pour toi. C'est juste que tu me désoles. J'croyais être l'homme le plus vide de la planète. Mais j'crois que tu l'es encore plus que moi. T'es complètement creuse. Et j'parle pas que d'ta cervelle qui est incapable de lire un texte. J'parle aussi d'ton coeur, et d'ton âme. T'es comme un pion qu'on a posé là, en plein milieu d'une partie déjà commencée. Et si tu trouves pas ta place, c'est parce que tu regardes pas comment les autres font pour jouer. Tu les vois seulement, et ça, ça fait une grande différence." Je suis calme pour l'instant. Je contiens ma rage. Quoi qu'en fin de compte, je ne sais même pas si c'est de la rage, ou si c'est mon amour pour elle qui refait juste surface. "Regarde autour de toi Siam ! Ouvre les yeux !" Je commence à gueuler, ça y'est. "Regarde un peu comment les autres font pour vivre, pour aimer ! Puis j'sais pas moi, essaie un peu ! De faire pareil, ne fais pas juste faire semblant ! Réveille toi merde !" Je lui balance mon oreiller à la gueule. J'sais pas trop pourquoi. Peut-être parce que j'ai que ça sous la main. "Puis t'es personne pour m'dire c'que j'dois faire. Pour m'réveiller quand t'as envie, et pour m'dire de m'rendormir quand t'as plus envie. Faut qu't'arrêtes ça Siam."

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MessageSujet: Re: siamson ◭ et puis si la vieillesse vient frapper à la porte c’est qu’on aura vaincu ce temps qui nous escorte. siamson ◭ et puis si la vieillesse vient frapper à la porte c’est qu’on aura vaincu ce temps qui nous escorte. EmptyMar 1 Jan - 19:47

siamson ◭ et puis si la vieillesse vient frapper à la porte c’est qu’on aura vaincu ce temps qui nous escorte. 379740siamson23
and i think it's time to say good night and you swear i'm hard to lay beside but if i was you i'd run from me most nights. maybe i was meant to be left behind.


« Tu veux savoir la vérité Siam ? 'Fin j'parle pas seulement du fait que tu m'pètes les couilles. » Après m'avoir ramenée à l'appart', Samson ne m'a jamais demandé de r'partir. Alors tous les deux, on a recommencé ce qui n'avait jamais été le début d'une histoire. On a recommencé à s'engueuler, à se supporter puis à faire l'amour à nos silences. Comme ça. Parce que c'était plus simple que de tout balancer par la fenêtre pour repartir à zéro. Parce que ça nous convenait et que moi, j'savais bien qu'on pouvait par r'partir du début tellement on s'était cabossé l'un l'autre. Il aurait fallu recoudre tous ces trous qu'on s'était faits à coup de n'importe quoi mais j'crois bien qu'on en avait pas la force. Ou alors c'était juste l'envie qui manquait, p'tet bien qu'on était pas trop bien comme ça mais pas trop mal non plus. « Je n'ai aucune pitié pour toi. C'est juste que tu me désoles. J'croyais être l'homme le plus vide de la planète. Mais j'crois que tu l'es encore plus que moi. T'es complètement creuse. Et j'parle pas que d'ta cervelle qui est incapable de lire un texte. J'parle aussi d'ton coeur, et d'ton âme. T'es comme un pion qu'on a posé là, en plein milieu d'une partie déjà commencée. Et si tu trouves pas ta place, c'est parce que tu regardes pas comment les autres font pour jouer. Tu les vois seulement, et ça, ça fait une grande différence. » Alors voilà, c'est r'parti. On sait pas faire autre chose que s'prendre la tête, et quand on sait faire, c'est qu'on n'est plus vraiment nous même, c'est qu'on est trop crevés d'être encore en vie et qu'on a besoin d'un peu d'répit et d'abandon. J'ai pas d'sixième sens mais j'décèle quand même un truc qui cloche, un truc qui fait qu'c'est pas tout à fait comme d'habitude. Et quand j'mets enfin la main dessus, il est déjà trop tard. Samson m'a déjà transpercé l'coeur qui m'semblait pourtant assez blindé pour assumer les horreurs qu'il me fusille dans la poitrine.

Je n'écoute plus, j'suis ailleurs, pour de bon. Et j'crois que ça lui plait pas, j'crois qu'il a besoin d'me foutre en l'air encore et encore alors il me balance un oreiller dans la gueule pour que j'revienne à la réalité. Pour que j'lui revienne. « Puis t'es personne pour m'dire c'que j'dois faire. Pour m'réveiller quand t'as envie, et pour m'dire de m'rendormir quand t'as plus envie. Faut qu't'arrêtes ça Siam. » Et ça déborde. C'est trop tard. J'ai plus envie d'me sentir à l'envers ou d'attendre que ça passe. Les médocs dans les placards me soigneraient moins bien que la haine que je voue à ce type qu'est entré dans ma vie comme on rentre dans une piaule et qui a oublié d'se barrer après avoir tiré son coup. « Va te faire mettre, Samson. » J'me jette sur lui. Littéralement. Y'a le livre qui s'éclate sur le sol un peu plus loin et moi qui me retrouve à califourchon sur lui avec l'envie de lui gerber ces choses qui le bousilleront plus qu'il ne me bousillera jamais. « J'en ai rien à foutre de c'que tu penses de moi, et tu sais pour quoi Samson ? Parce que j'te hais, et c'est parce que je te hais que j'serai jamais vide. Quand je dors j'te déteste, quand je bouffe j'te déteste et quand tu m'apprends à lire et qu'jy arrive pas, j'te déteste encore. » J'suis à deux doigts de laisser la flotte me noyer la gueule et c'est d'sa faute, c'est d'sa faute parce qu'il squatte un morceau d'ma poitrine qu'est même pas pour lui. « Et t'as raison, j'sais pas comment on vit parce que moi j'en veux pas, d'la vie. D'cette vie. De moi qui vais pas à l'école, de papa et maman inscrits aux abonnés absents, d'un frère qui sait à peine comment j'm'appelle. J'en ai rien à battre de cette vie Samson, de mes nuits dans la rue et de pépé qu'on laisse crever tout ça parce qu'il a pas les thunes de s'faire soigner. » J'suis un monstre. J'suis un monstre parce qu'on m'a jamais appris à être autre chose. J'suis folle. Complètement. D'être toujours là. D'pas être ailleurs. De lui, aussi. Alors j'balance un premier coup dans son épaule. Et j'recommence en oubliant d'marrêter. « T'as pas l'droit d'me juger espèce de connard, t'as pas l'droit parce que t'as tout eu dans la vie. Tout. Et même ta mère, putain. T'as eu droit à l'espoir qu'elle guérirait et t'as aussi eu droit d'la laisser mourir. Avec pépé, nous, on a jamais eu l'choix. C'était la mort et puis basta. » J'essuie rageusement ma joue mais j'me rends compte que j'pleure toujours pas, que même là j'ai pas trouvé la notice pour ces choses-là. Alors j'repars de plus belle. J'tire ses cheveux. Je tape plus fort parce que tout à coup, il y a des milliers de raisons d'être triste. J'frappe et l'lui montre à quel point j'suis pas vide.




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MessageSujet: Re: siamson ◭ et puis si la vieillesse vient frapper à la porte c’est qu’on aura vaincu ce temps qui nous escorte. siamson ◭ et puis si la vieillesse vient frapper à la porte c’est qu’on aura vaincu ce temps qui nous escorte. EmptyMer 2 Jan - 19:01

siamson ◭ et puis si la vieillesse vient frapper à la porte c’est qu’on aura vaincu ce temps qui nous escorte. 736551siamson24
i've been trying to do it right, i've been living a lonely life, i've been sleeping here instead. and love we need is now, let's hope for some, cause oh, we're bleeding out.


"Va te faire mettre, Samson." Me faire mettre ? Mais bien sûr, quelle idée. J'aurais dû y songer plus tôt. Mais je n'ai le temps de rien. Ni de me faire mettre, ni de quoi que ce soit. Siam se retrouve à califourchon sur moi. Et j'entends mon livre s'écraser sur le sol. "Bordel, tu peux pas faire attention aux affaires des autres merde ?" J'essaie de me relever sur mes avants bras, histoire d'apercevoir les dégâts qu'a pu subir mon livre, mais impossible de bouger. Je pose mon regard sur Siam. Je crois que c'est la première fois qu'il y a aussi peu d'espace entre elle et moi. Et la première fois que la Hamrey semble si folle. Folle de rage, ou de tout un tas d'autres choses. J'ai un peu de mal à discerner ce qu'elle peut ressentir. C'est comme si elle était à la fois emplie de colère et de chagrin. C'est assez fou à dire, mais ça fait du bien. De la voir comme ça. Éveillée. Avec tout un tas de sentiments qui la bousculent. Ça fait tellement de bien que je vais faire au mieux pour l'énerver davantage. Parce que je ne veux pas qu'elle s'éteigne. Je veux qu'elle brûle de rage, si ça peut lui permettre de brûler de joie par la suite. "J'en ai rien à foutre de c'que tu penses de moi, et tu sais pour quoi Samson ? Parce que j'te hais, et c'est parce que je te hais que j'serai jamais vide. Quand je dors j'te déteste, quand je bouffe j'te déteste et quand tu m'apprends à lire et qu'jy arrive pas, j'te déteste encore." Je fais la moue en acquiesçant, faisant mine que ça me passe bien au dessus de la tête qu'elle puisse me détester. Je la regarde toujours, et plus ça va, plus j'ai l'impression qu'elle va finir par exploser. "Et t'as oublié un truc. Tu me détestes là, quand j'te crache la vérité à la figure." Je soutiens son regard, essentiellement pour la provoquer. Pour la pousser à bout, encore un peu. Je fais ça pour elle. Pour qu'elle vive, pour qu'elle comprenne. Mais elle ne comprend pas. Elle ne comprend pas qu'en restant lasse elle passe à côté de tout le reste. Siam n'est qu'une affiche. On la voit dans la rue. On trouve qu'elle a bonne allure, qu'elle est jolie. Elle pourrait faire la promotion d'une crème de jour, avec sa peau de bébé qui lui donne l'air d'être une poupée. Mais les affiches, ça reste jamais en place. Au bout d'un moment, ça s'arrache. Ça se tire, sans dire au-revoir. Et surtout, les affiches, c'est plat. C'est froid. C'est mort. Y'a rien qui bat en elles. "Et t'as raison, j'sais pas comment on vit parce que moi j'en veux pas, d'la vie. D'cette vie. De moi qui vais pas à l'école, de papa et maman inscrits aux abonnés absents, d'un frère qui sait à peine comment j'm'appelle. J'en ai rien à battre de cette vie Samson, de mes nuits dans la rue et de pépé qu'on laisse crever tout ça parce qu'il a pas les thunes de s'faire soigner." Mais là tout de suite, Siam n'a plus rien d'une affiche. Parce qu'elle se bat. Contre moi, certes. Mais elle se bat. Et c'est déjà un grand pas. Je n'ai même pas mal à chacun de ses coups. Déjà, elle n'a pas la force de me faire mal, et en plus, ils me font du bien. Ils me rassurent. Siam est vivante. Elle n'est pas une affiche.

"T'as pas l'droit d'me juger espèce de connard, t'as pas l'droit parce que t'as tout eu dans la vie. Tout. Et même ta mère, putain. T'as eu droit à l'espoir qu'elle guérirait et t'as aussi eu droit d'la laisser mourir. Avec pépé, nous, on a jamais eu l'choix. C'était la mort et puis basta." Je secoue la tête. Et voilà qu'elle attrape mes cheveux, et qu'elle veut les arracher de mon crâne. Je vais bien l'avouer, pour le coup ça, ça fait mal. "Putain !" Je serre les dents pour ne pas céder à la douleur, mais la teigneuse tire encore. Alors j'attrape son bras, et je lui fais lâcher prise. Je la bouscule en arrière, et c'est à mon tour de me mettre à califourchon sur elle. "Mais merde Siam ! Ta gueule ! T'as jamais eu l'choix ? Franchement celle là, c'est la meilleure. T'as l'choix tous les jours. D'te réveiller, d'te bouger l'cul, et de vivre. T'as l'droit d'choisir la vie. C'est à toi d'aller vers elle, et pas l'inverse. Ça va pas te tomber tout cuit dans l'creux d'la main ma pauvre fille." Elle me bat, encore et toujours. Alors j'attrape ses deux mains avec ma main gauche, et je pose ma main droite sur sa bouche. Je fais en sorte de coincer ses jambes avec les miennes, et je la regarde sans rien dire. Elle est coincée. Elle ne peut plus bouger. Je lui lance un regard défiant. "Bats toi Siam. Allez, délivre toi. Fais pas ta gonzesse. Tire toi de là ! Je t'autorise même à me crever un oeil si t'en as l'occasion !" Allez Hamrey. Bats toi pour la vie. Bats toi contre moi, avec toute la haine que tu ressens. Mords moi. Gifle moi. Griffe moi. Aime moi. Peut-être. Un peu. Au moins pour t'avoir donné un peu de moi. Pour t'avoir appris à lire. Et qui sait, peut-être même un peu à vivre.


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MessageSujet: Re: siamson ◭ et puis si la vieillesse vient frapper à la porte c’est qu’on aura vaincu ce temps qui nous escorte. siamson ◭ et puis si la vieillesse vient frapper à la porte c’est qu’on aura vaincu ce temps qui nous escorte. EmptyMer 2 Jan - 21:18

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and i think it's time to say good night and you swear i'm hard to lay beside but if i was you i'd run from me most nights. maybe i was meant to be left behind.


« Bordel, tu peux pas faire attention aux affaires des autres merde ? » J’en reviens pas que ce soit lui qui me dise ça, lui qui balance tous les quatre matins mes affaires par la fenêtre avant de me hurler de me barrer, avant d’me crier de r’tourner dans ma rue, sur le trottoir d’en bas, au milieu de tous ces déchets qui sont un peu comme moi, un peu pourris d’la racine et puis du reste. « Et t'as oublié un truc. Tu me détestes là, quand j'te crache la vérité à la figure. » Pourquoi est-ce qu’il me dit ça ? Pourquoi est-ce qu’on dirait qu’il s’en fout, que je peux bien lui crier toutes les atrocités du monde, que ça n’lui fait rien, que ça lui f’ra plus rien ? Je m’arrête un instant. Parce que j’suis perdue, parce que j’ai lâché la bouée et que j’suis en train d’me noyer au beau milieu d’ses yeux. Et là-bas j’sais bien que y’a personne pour m’sauver, j’sais bien que dans ses pupilles y’en a pas un pour m’sortir de c’t’enfer, pas un pour m’mordre à sang le cœur et la douleur avec. J’tends mon cou quand même, j’crois qu’c’est un réflexe, un geste un peu bidon qui crie pourtant silencieusement, un geste un peu bidon qui hurle vas-y samson, vas-y putain, sacrifie moi parce que ça tu sais faire, sacrifie moi parce que ça j’sais pas faire. Allez, jette-moi par terre et marche sur mon cœur jusqu’à ce que je crève dans un dernier orgasme. Tu pourrais bien faire ça non ? C’est toi qui m’a demandé d’vivre. Alors c’est c’que je fais. Je vis. Je vis si tu veux m’sacrifier et j’meurs si j’reste là, avec toi, sans toi, pour toi. Et comme il fait rien, comme il me laisse là à attendra la marée, j’dégage de son r’gard qui soutient l’mien et j’frappe à nouveau son corps comme si j’avais devant moi maman, papa, l’école. Et puis pépé. Pépé qui s’est barré et m’a laissée toute seule. Pépé qu’j’attends encore dans mon lit quand j’arrive pas à dormir, pépé qu’était un putain d’vieux con mais qu’j’aimais quand même, pas trop, juste assez pour ne pas me tirer tous les quatre matins, juste assez pour m’réveiller tous les jours et vérifier qu’il respirait encore, le vieux.

« Putain ! » J’lui fais mal et j’continue, j’tire un peu plus fort et j’crois que même si j’voulais arrêter j’pourrais pas. C’est comme si j’avais, tout à coup, après dix-neuf ans de silences, des milliers de choses à raconter. La haine. Le froid de la rue. La faim qui tiraille et donne envie d’s’éclater les veines à longueur de journée. Et puis l’absence. L’absence bordel. L’absence d’un père, l’absence d’une mère. L’absence de repères. L’absence tout court. Parce qu’à chaque fois que j’me fous devant un miroir, c’est toujours ça que j’vois. L’absence. J’ai les yeux aussi vides que ma vie. Samson a peut-être raison, finalement. P’tet bien qu’j’suis plus vide que lui, p’tet bien qu’j’suis qu’une carcasse creuse qui rêve de s’faire ronger par les vautours. « Mais merde Siam ! Ta gueule ! T'as jamais eu l'choix ? Franchement celle là, c'est la meilleure. T'as l'choix tous les jours. D'te réveiller, d'te bouger l'cul, et de vivre. T'as l'droit d'choisir la vie. C'est à toi d'aller vers elle, et pas l'inverse. Ça va pas te tomber tout cuit dans l'creux d'la main ma pauvre fille. » Sa pauvre fille. J’suis rien qui lui appartiendrait. Jamais. J’veux pas appartenir à ce torchon qu’on a essoré, essoré encore, tellement essoré qu’il r’prendra jamais sa forme d’origine, tellement essoré qu’il restera bourré de plis et de tâches. Abîmé. Niqué. Jusqu’à la moelle. « C’est à moi qu’tu dis ça ? C’est à moi qu’tu lances des leçons ? Mais vas-y Samson, fais donc. Montre moi. Va coucher sur le trottoir, va te faire marcher sur la gueule. Et puis crève de froid, va lécher les boîtes de conserves et reviens me dire de choisir la vie. Hein, t’es qui pour m’parler d’ça ? » Mes mains griffent son cou, j’suis enragée, il est même pas sept heures et j’suis d’jà complètement bousillée par les heures à v’nir. Alors je frappe, je griffe, et quand je me retrouve bloquée, lui au-dessus de moi, je hurle. En espérant lui bousiller les tympans. En espérant déglinguer mes cordes vocales. Je crie parce que j’en ai besoin, parce que j’ai besoin qu’il me lâche, qu’il foute le camp. Qu’il se barre de cette pièce, de cet immeuble. D’mes souvenirs. « Bats toi Siam. Allez, délivre toi. Fais pas ta gonzesse. Tire toi de là ! Je t'autorise même à me crever un oeil si t'en as l'occasion ! » Je me débats, mes pieds fendent l’air, j’essaye de me détacher de son emprise mais j’me rends compte que j’ai plus la force, que j’ai plus d’force. Que j’suis épuisée. Que j’ai envie d’tomber et d’oublier de me relever. Et puis surtout, j’ai pas envie de l’écouter, d’lui donner raison. J’ai pas envie d’voir dans ses pupilles une seule lueur d’espoir. Ridicule. Infime. Suffisante pour le faire tenir quelques jours de plus ici bas. « J’ai pas envie d’te crever un œil. J’veux que tu crèves tout entier Samson. Et j’en ai rien à battre de tes jeux à la con. » Mes muscles se détendent presque instantanément. Qu’il fasse bien ce qu’il veut de moi, j’m’en fous. Parce que tout est parti, parce que comme le calme après la tempête, j’ai en mémoire la couleur du néant et qu’ça m’suffit amplement. Qu’il reste assis sur moi, qu’il me souille avec ses mots, ses mains, sa bouche.
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MessageSujet: Re: siamson ◭ et puis si la vieillesse vient frapper à la porte c’est qu’on aura vaincu ce temps qui nous escorte. siamson ◭ et puis si la vieillesse vient frapper à la porte c’est qu’on aura vaincu ce temps qui nous escorte. EmptyJeu 3 Jan - 0:10

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i've been trying to do it right, i've been living a lonely life, i've been sleeping here instead. and love we need is now, let's hope for some, cause oh, we're bleeding out.


"C’est à moi qu’tu dis ça ? C’est à moi qu’tu lances des leçons ? Mais vas-y Samson, fais donc. Montre moi. Va coucher sur le trottoir, va te faire marcher sur la gueule. Et puis crève de froid, va lécher les boîtes de conserves et reviens me dire de choisir la vie. Hein, t’es qui pour m’parler d’ça ?" Je plonge mon regard dans le sien, tout en fronçant les sourcils. J'ai toujours su qu'elle n'avait rien compris. À ce putain truc qui me lie à elle. Cet amour de merde. Vous voyez, moi je l'aime. Comme un con. Mais c'est comme un boomerang. Je lui envoie l'amour qu'il me reste au fond de ma carcasse, et j'me reçois exactement le même colis dans la gueule en retour. Le colis qu'elle n'a jamais su recevoir. L'amour qu'elle n'a jamais compris. Mais tant mieux, parce qu'elle n'en aurait jamais voulu de toute façon. "J'suis qui pour t'parler d'ça ? J'suis sûrement l'seul gars qui tient réellement à toi. L'gars qui partage son appart' avec toi. Celui qui t'a offert ta brosse à dent et ton déodorant. J'suis l'gars qui t'aime mais qu'toi tu détestes." Je me mets à nu devant elle. Encore une fois. Mais elle ne comprendra rien. Comme toujours. Elle comprendra ce qu'elle a envie de comprendre. Elle préfèrera masquer la vérité. Parce qu'elle est bien trop dur à accepter. Hein Siam ? C'est bien trop dur à accepter qu'on puisse t'aimer. Toi et ton absence de vie. Toi et ton absence de tout. Comment pourrait-on t'aimer, hein ? Tu veux que j'te dise pourquoi je t'aime ? Moi j't'aime parce que t'es une belle personne, mais que tu es trop naïve pour le voir. J't'aime parce que t'as l'coeur fragile et parce que j'veux être celui qui le protégera contre vents et marées. J't'aime parce que t'es venue apporter un peu de toi au vide que j'avais dans l'creux de l'âme. Et même si t'as du caca dans les yeux, j'suis sûr qu'un jour tu pourras enfin y voir plus clair. Et comme disait ma grand mère en remuant l'index, à ce moment là tu diras "ah oui, Samson il avait raison". Parce que oui, j'ai raison. La vie vaut la peine d'être vécue. La vie vaut la peine qu'on se batte pour elle. Et j'espère qu't'auras une belle vie Siam. Une belle vie, sans moi. Car comme je sais que tu m'détestes, comme je sais que je te bousille l'existence, si c'est pas toi qui pars un jour ou l'autre, c'est moi qui le ferai. Qu'importe si ça me coute mon bonheur, si c'est toi qui l'a, l'bonheur, alors ça sera mieux ainsi. Voilà qui j'suis pour t'parler d'ça.

Elle se bat. Elle se débat. Puis elle abandonne. "J’ai pas envie d’te crever un œil. J’veux que tu crèves tout entier Samson. Et j’en ai rien à battre de tes jeux à la con." T'inquiète pas pour moi Siam. J'crèverai tôt ou tard. J'crèverai quand t'en auras fini ici. Quand tu seras partie. Je suis sûr que tu seras ravie de m'ôter la vie. De m'ôter l'envie. "Toi tu veux que j'crève. Moi j'veux qu'tu vives. C'est l'fossé qu'il y a entre toi et moi. C'est c'qui différencie l'affection que l'on a l'un pour l'autre." Je souris. Nerveusement. Pas pour l'énerver. Mais parce que voilà, elle m'a blessé. En plein coeur. Avec ses mots dont elle ne comprend pas l'sens. Elle m'a eu. J'suis vaincu. Mais je n'ai pas dit mon dernier mot. Elle est peut-être en train de me tuer à coups d'mots qui font mal, moi j'vais la faire vivre. Je n'abandonnerai pas. Elle va se battre. Pour la vie. Pour la vraie vie. Elle va comprendre. J'espère. Alors je saisis un oreiller, et j'lui mets sur le visage. J'appuie, pas très fort, mais juste assez pour lui donner la sensation qu'elle va étouffer si elle ne se bat pas. Et ça marche. Je réveille son instinct de survie. Elle se bat. Et ses ongles viennent se planter dans mes avants bras. Alors je retire l'oreiller de sur sur son visage. Pas pour la laisser gagner. Mais parce que tout simplement, elle a gagné, d'elle même. "Tu vois qu't'es capable de t'battre pour la vie." Je me laisse tomber sur le côté, la libérant enfin. Et je regarde mes blessures. Celles laissées par ses ongles qui sont venus s'enfoncer dans ma peau. Puis je la regarde. Pour la première fois, je vois la force qu'elle a en elle. Et la détermination qu'elle a toujours cachée. J'crois que j'suis fier de la teigneuse Hamrey. "Je suis désolé d'être allé si loin, mais c'était l'seul moyen d'te réveiller." Je plonge mes yeux dans ceux de Siam. Et je n'en ressors pas tout de suite. Je profite de pouvoir les contempler. Je ne m'en lasserai jamais à vrai dire. "Tu veux qu'j'te dise ? T'es belle quand tu vis. Quand tu me déchires l'épiderme. J'suis désolé qu'ça soit si compliqué qu'ça, la vie. Mais j'te jure que si je pouvais la rendre plus facile, j'le f'rai. Et j'te jure que si tu me demandais de partir pour te la faciliter, alors je partirai. J'te l'jure sur la mémoire de maman." Et j'suis prêt à lui laisser les clés de chez moi. De toute façon, je n'aurai plus de maison si je la laissais. Si je devais dire adieu à ses culottes qui trainent au fond d'mes placards.
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is it bitterness or sympathy that keeps you standing here with me ? i’m not sure how much more i can take ‘cause i have sacrificed my peace of mind to sit here with you wasting time.


« J'suis qui pour t'parler d'ça ? J'suis sûrement l'seul gars qui tient réellement à toi. L'gars qui partage son appart' avec toi. Celui qui t'a offert ta brosse à dent et ton déodorant. J'suis l'gars qui t'aime mais qu'toi tu détestes. » J'abandonne. Pas parce que ça m'fait quelque chose, tous ces mots un peu roses un peu vieux jeu, mais parce que j'ai encore perdu le fil de l'histoire, le fil des choses à faire quand on a la rage en soi et de celles à ne pas faire. Samson m'aime. J'me surprends à me demander c'que ça signifie aimer chez ce type, c'qu'il y a qui lui fait penser à d'l'amour quand il me dit que j'lui pète les couilles, que j'ai pas d'cervelle ou quand il me vire de chez lui à coup de sales insultes. Parce que si c'est ça l'amour, alors moi aussi j'l'aime, moi aussi j'aime quand il me fait péter les plombs, quand il me fout l'moral en l'air ou quand il m'attrape violemment pour essayer d'tirer je ne sais quoi de moi. J'bouge toujours pas, en attendant, j'pense juste au mot aimer et mon dieu c'que ça sonne faux quand ça sort d'entre ses lèvres, mon dieu c'que ça sonne faux quand j'me mets à inventer des si... La vérité, c'est qu'il y connait rien, à tout ça, qu'il aimerait sûrement apprendre mais qu'il devrait demander à quelqu'un d'autre pour ça. J'suis sûre qu'y'en a des tonnes qui crèveraient pour ses yeux moroses, des tonnes qui crèveraient pour qu'il s'éteigne au creux de leurs reins. Il y en aurait des tas qui voudraient s'retrouver à ma place, sous lui, des tas qui aimeraient s'faire insulter à ma place et rien qu'pour ça, rien qu'pour les voir chialer j'serai prête à faire semblant d'l'aimer un peu, lui et ses trips chiants à mourir. « Toi tu veux que j'crève. Moi j'veux qu'tu vives. C'est l'fossé qu'il y a entre toi et moi. C'est c'qui différencie l'affection que l'on a l'un pour l'autre. » Alors voilà, j'réponds rien à ça. Parce qu'au fond, j'vois pas ce que fout l'affection là, j'réponds rien parce que j'sais même pas c'que c'est et que j'aurais p'tet su si j'avais eu un père pour me parler de toutes ces premières fois qu'j'ai oubliées de vivre.

[...]

« Tu vois qu't'es capable de t'battre pour la vie. » Il a failli m'étouffer. Samson a failli m'arracher mon dernier souffle et j'en r'viens toujours pas. J'étais à moitié morte et l'instant d'après, j'cherchais comment faire pour être à moitié vivante. J'respire. C'est con à dire. Mais c'est vrai. J'respire. Il s'passe un truc. En moi. J'ai des poumons qui fonctionnent, même si un peu niqués par la nicotine, j'ai des poumons qui fonctionnent et bordel c'que c'est bizarre. D'avoir les poumons étouffés quelques secondes et d'se défoncer pour leur apporter c'qu'ils réclament. Comme un rail de coke qu'on attend trop longtemps. « Je suis désolé d'être allé si loin, mais c'était l'seul moyen d'te réveiller. » On est allongé, côte à côte, comme deux animaux qui s'éloignent puis qui s'suivent, comme deux gamins qui s'battraient pour un bonbon avant d'faire la paix. Sauf qu'avec Samson, on sait pas c'que ça veut dire faire la paix, on sait pas qu'ça veut dire arrêter d'être cons et dev'nir croc l'un l'autre. « Tu veux qu'j'te dise ? T'es belle quand tu vis. Quand tu me déchires l'épiderme. J'suis désolé qu'ça soit si compliqué qu'ça, la vie. Mais j'te jure que si je pouvais la rendre plus facile, j'le f'rai. Et j'te jure que si tu me demandais de partir pour te la faciliter, alors je partirai. J'te l'jure sur la mémoire de maman. » J'observe ses avant-bras et j'me mords la lèvre. C'es vrai qu'j'y ai été fort, et quand j'y r'pense, j'me souviens même plus comment j'ai fait pour rassembler tant de colère en un claquement de doigts. Il m'parle de sa mère mais j'en ai pas envie. Il m'jure des choses que j'veux pas entendre. J'm'en fous. Qu'il soit là. Et ça veut dire tellement d'trucs. Ca veut dire que j'm'en fous que ce soit un emmerdeur, ça veut dire que j'm'en fous qu'il cuisine mal, d'me prendre la tête avec lui, que j'm'en fous d'le regarder mener une vie de matelot alors qu'y'a ni bateau ni eau. « Tu sais quoi ? » J'sais pas quelle pièce de plus est défectueuse en moi mais y'a un bruit crade qui sort de ma bouche. J'ris. J'crois bien que j'ris. J'vois même pas comment on fait mais j'le fais. Je ris. Tellement qu'j'finis par avoir mal à l'estomac. Tellement qu'il est temps d'me calmer. « Tu sais quoi Becker ? Ben t'as pas b'soin d'te tailler d'ma vie. P'tet bien qu'ça m'plait d'me battre avec toi et d'marquer mon territoire... » J'regarde les griffures une nouvelle fois et j'repars de plus belle. Et tant pis s y'a rien d'drôle, tant pis si ça fait rire personne. J'ris si fort et ça m'fait tellement d'bien. C'est comme prendre un bain après des s'maines dehors. J'peux plus m'arrêter. J'ris à la gueule de ma vie et d'ces années à essayer d'ricaner sans y arriver. J'ris parce que putain, mine de rien, y'a un truc marrant chez Samson, un truc qui m'réanimerait presque.

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you were young I was not old, but our story was not told but torn apart by greedy hands. spin me round just to pin me down, on the cover of this strange bed. spin me round just to pin me down.


Siam se mord la lèvre. Et j'sais pas si c'est l'amour qui me rend niaisement con, mais elle n'a jamais été aussi belle que maintenant. En se mordant la lèvre. Est-ce qu'elle regrette de m'avoir enfoncé ses ongles dans la chair ? Est-ce qu'elle ressentirait un peu de compassion pour moi ? Je réfléchis un instant. Ça serait trop beau pour être vrai. Ça voudrait dire que je pourrais avoir au moins un millimètre d'importance pour elle. Un millimètre. Elle ne le voit pas, elle ne le sait pas. Elle ne ressent rien pour moi. Ni amour, ni amitié. À peine de la compassion, de la pitié peut-être. En plus de la haine. Et c'est tout. C'est ce qui fait qu'elle se mord la lèvre. C'est déjà pas mal. Je suis passé de moins que rien à quelque chose d'à peine existant. "Tu sais quoi ?" Non, je ne sais pas justement. Je ne sais rien. Rien d'intéressant en tout cas. Je sais que le père Noël n'existe pas, et que deux et deux font quatre. J'commence à mettre des mots sur c'que j'ressens, mais j'sais pas si j'ai raison. Si c'est de l'amour comme dans les livres, ou de la solitude qu'a besoin d'être comblée. Et alors, peut-être que ça aurait pu tomber sur n'importe quelle imbécile. Peut-être que j'aurais pu tomber amoureux d'ma boulangère, ou d'la grosse chauffeuse de bus. Heureusement que le hasard fait bien les choses. Heureusement que c'est tombé sur Siam. Pas seulement parce qu'elle est moins moche que les autres, mais parce qu'il y a quelque chose qui la rend unique. Un truc en plus. Peut-être cette sincérité quand elle me dit qu'elle me déteste. Cette sincérité qui me permet d'ajouter un truc en plus sur ma liste des choses dont j'ai la certitude. Celle qu'elle ne m'aimera sans doute jamais.

Je ne l'ai jamais vue rire. Non, jamais. Parce qu'elle fait toujours la gueule. Parfois elle sourit, mais ça ne va jamais plus loin. Je me suis toujours demandé quel bruit elle ferait si elle riait. Celui d'une otarie, ou bien d'un cochon qu'on égorge ? Alors je plisse des yeux, comme si une explosion allait se faire entendre. Mais le rire de Siam est doux. Voir même élégant. Je fronce des sourcils. "Tu sais quoi Becker ? Ben t'as pas b'soin d'te tailler d'ma vie. P'tet bien qu'ça m'plait d'me battre avec toi et d'marquer mon territoire…" Je suis son regard vers les griffures que j'ai sur les bras, puis je la regarde à nouveau. Et je ris moi aussi. Parce que ça me fait rire qu'elle me dise ça. Qu'elle a marqué son territoire. Nous rions ensemble, pour la première fois. Et cet événement mérite sa place dans les livres d'histoire. Je ris encore quelques instants, puis je m'arrête. Les lèvres de Siam sont toujours étirées, et son corps suffoque toujours autant. Je commence à croire qu'elle se fout de ma gueule. Alors cette fois, j'ris jaune. "Tu t'moques de moi hein, c'est ça ? Parce que je ne vois aucune autre explication. 'Fin tu ris jamais." Pas de réponse. Siam rit. C'est fou. Je crois que je pourrais me déshabiller sous ses yeux qu'elle le remarquerait à peine. Je crois surtout qu'elle ne sait même pas comment ça marche, le rire, vu que c'est la première fois qu'elle le fait. Elle doit se demander comment ça s'éteint. Moi j'voudrais qu'elle trouve la notice. Qu'elle arrête. Parce que c'est déstabilisant de la voir rire. "Arrête merde. Ça m'fait bizarre de t'voir rire, j'vais finir par croire qu't'es malade." Je reste immobile. Mal à l'aise. Je m'approche de Siam. Je l'observe de plus près. Comme si elle avait une énorme verrue sur la tronche. En fait elle rit. Et c'est fou ce que ça lui déforme le visage. Je l'observe, silencieux. Puis j'attrape son visage entre mes mains, et je dépose un bref baiser sur ses lèvres. Ça a marché. Siam ne rit plus.

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i'll take a quiet life, a handshake of carbon monoxide with no alarms and no surprises, no alarms and no surprises, ,o alarms and no surprises... silent.


Je n'ai jamais cru aux thérapies, aux grands sourires sur les affiches. J'ai jamais cru aux thérapies parce que j'sais bien que personne ne pourra jamais soigner c'qui déconne en moi. Il faudrait m'emmener chez un mécanicien, un type qui m'travaillerait au corps et qu'aurait pas peur d'se servir d'ses clous et d'une clé à molette. Il m'ouvrirait vite fait avec une paire de ciseaux, remplacerait chaque organe défaillant comme il remplace des pièces qui fonctionnent plus et m'obligerait à faire un contrôle technique tous les ans. Et après avoir été trop rafistolée, il me r'garderait sans compassion ni pitié et m'dirait juste j'peux plus rien faire pour toi gamine, j'peux plus rien faire à ces trucs qui déraillent. Alors voilà, gamine, si tu veux bien, j'te conseille d'aller t'installer là-bas, avec les métaux et les batteries vides, quelqu'un viendra t'chercher, quelqu'un viendra t'chercher et t'emmènera à la décharge. Et puis voilà, j'finirais recouverte par des tas d'autres machins de mon espèce, des tas de trucs sans coeur, sans âme. Sans vie. "Tu t'moques de moi hein, c'est ça ? Parce que je ne vois aucune autre explication. Fin tu ris jamais." Je n'ai jamais cru aux thérapies, aux grands sourires sur les affiches et pourtant, j'ai l'impression qu'au fur et à mesure que je me marre, il y a quelque chose qui se décroche en moi, quelque chose qui était lourd, quelque chose qui m'faisait traîner les pieds, qui m'faisait traîner toute la journée, quand les autres s'amusaient, quand les autres pleuraient. Quand ils vivaient et que moi, j'me traînais. J'crois qu'ça me fait du bien de rire, enfin, juste un peu, évidement. J'ai mal à la mâchoire mais j'm'en fous. J'ris tous ces éclats de rire qu'j'ai gardé coincés, tous ces éclats d'joie. J'ris mon passé et mon futur plus très long. J'ris ma vie, celle de Samson. Celle de pépé. Qui s'est donné tant d'mal pour rien. Tant d'mal pour moi. Bon sang c'que ça me fait rire, tout à coup, de me rendre compte de la futilité de tout ça, de la futilité des liens qui nous rapproche et puis se brisent, de la futilité des nous, des vous. De l'homme.

"Arrête merde. Ça m'fait bizarre de t'voir rire, j'vais finir par croire qu't'es malade." Et ça doit pas lui plaire, à lui, d'me voir autre chose que moi, d'me voir comme dans ses rêves parce qu'il met un terme à tout ça, parce qu'il met un terme à Siam qu'existera plus. Mes lèvres picotent. Elles brûlent. Et j'mets un certain temps à comprendre ce qui vient de se passer, un certain temps à capter ce que ce p'tit con a fait. Et pourtant, j'ai pas l'impression d'être souillée, pas l'impression d'être salie par ses lèvres sur les miennes, par ses mains sur ma peau. Ca r'ssemble pas aux autres fois, ça r'ssemble pas à Matthew qui m'baise parce que j'lui ai dit oui et qu'il faut bien une première fois. Ca r'ssemble pas à Nicholas qui m''touche et que j'touche juste parce qu'il fait froid sur l'trottoir et qu'on a besoin d'se réchauffer si on veut pas finir comme ceux d'en face. Ca r'ssemble à rien, en fait. Même pas aux baisers que pépé me f'sait pour dire bonne nuit. A rien. Rien de désagréable. J'm'éloigne quand même de lui, comme ça, parce qu'il faut bien s'éloigner. Et j'm'allume une clope avant d'aller m'asseoir à l'autre bout du lit, une nouvelle fois. Comme si ces deux dernières minutes n'avaient jamais existé, comme si on avait pas fait semblant d'être croc l'un l'autre d'être presque bien. "Faut qu't'arrêtes ça, Samson." J'avale une grande bouffée de fumée puis la r'crache en direction de Becker. "Les surprises. " J'balance la tête en arrière et observe le plafond. J'aime pas les surprises. J'aime rien. A part Dvir. Mais les surprises, j'aime vraiment pas. C'est comme attendre la pluie et baigner dans l'soleil. C'est penser tout savoir et ne rien connaître. J'aime pas les surprises parce qu'elles m'foutent au beau milieu d'une route que j'connais pas, au beau milieu d'endroits où j'me sens étrangère. Ou j'me sens pas chez moi. Parce que moi, j'me sens chez moi quand Samson me fout à la porte, quand on s'insulte et qu'on prend pas l'temps de rire. J'me sens chez moi quand il m'déteste pi' qu'sa gueule est triste à mourir est la dernière chose que j'vois avant de m'endormir.


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siamson ◭ et puis si la vieillesse vient frapper à la porte c’est qu’on aura vaincu ce temps qui nous escorte.

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